jeudi 31 juillet 2014

Droit à l'oubli: n'oubliez pas les internautes!


Le 13 mai dernier, la CJUE a rendu un arrêt dont elle n'avait sans doute pas mesuré la portée. En jugeant que Google était responsable du traitement des données "personnelles" présentes sur les sites web que le moteur de recherche référence, la Cour de Luxembourg a ouvert la boîte de Pandore. Pis, elle l'a fait en se basant sur une directive de 1995 et dont la révision n'a toujours pas abouti après maintenant deux ans de discussions!

L'affrontement auquel se livrent désormais le "géant américain" et Bruxelles, via CNILs et émissaires interposés, a pris une autre tournure depuis que Google a surpris tout son monde en mettant en place un formulaire en ligne de déréférencement. Tel est pris qui croyait prendre: la CJUE a fait du grand méchant loup le véritable juge de votre vie privée. Mountain View n'en espérait sans doute pas tant.

Ce débat sur le droit à l'oubli, que Google a il est vrai tenté d'initier il y a deux ans auprès des pouvoirs publics (il faut rendre à Caesar...), commence à s'enflammer sur le Net et dans la presse. Aux défenseurs de la vie privée et de l'amnésie numérique répondent désormais les croisés de la liberté d'expression et des paparazzades. Il n'y a pas de gentils et de méchants, on trouve des ayatollahs et des bisounours des deux côtés. C'est l'histoire sans fin de la hiérarchie entre les libertés fondamentales, "j'ai raison et t'as pas tort".


Dans les faits, il faut bien reconnaitre néanmoins que l'arrêt de la CJUE et le formulaire de Google qui en découle portent un sacré coup au travail des journalistes, commentateurs, bloggeurs, twittos et consorts. On compte déjà nombre d'articles, tribunes, billets retoqués en interne, de peur qu'ils soient retirés dès leur publication. Bien malgré elle, l'UE finit par censurer. Venant d'un Prix Nobel de la Paix, on aurait espéré mieux.

Les internautes dans tout ça? En l'espace de deux mois, une décision de justice européenne a été prise, un formulaire de réclamation a été mis en ligne, des articles de presse ont été retouchés et tout ça sans que les principaux intéressés, vous et nous, ne puissent donner leur avis.

Et une fois de plus, Google a un temps d'avance sur les pouvoirs publics, d'où qu'ils soient, et vous demande votre avis: pour ou contre le droit à l'oubli? Bruxelles avait évoqué la question dans une consultation publique sur la révision "fourre-tout" et en suspens de la directive de 1995. Que sont devenues les réponses? Il faudrait peut-être tout remettre à plat, sans nous oublier cette fois-ci.

Où sont les femmes?

L'affaire se présente de plus en plus mal pour Jean-Claude Juncker. Déjà 15 candidats commissaires désignés par les Etats membres et seulement une femme: la tchèque Vera Jourova, ministre du Développement régional dans le gouvernement social-démocrate de Bohuslav Sobotka.

S'il veut atteindre son objectif de 10 femmes au sein du prochain Collège - objectif qu'il s'est fixé lui-même et qui a vite été récupéré par d'autres - le nouveau Président de la Commission va devoir compter sur les 13 Etats qui doivent encore choisir leur candidat. Mais, à bien y regarder, le prochain Collège risque d'être un "macho-Collège"...

Pour vous faire une idée, voici, sans commentaires, les candidats susceptibles d'être (re)désignés dans les 13 Etats restants :

- Belgique: Karel De Gucht, Pieter De Crem, Marianne Thyssen

- Bulgarie: Kristalina Georgieva, Sergei Stanichev, Gergana Passy

- Chypre: Ioannis Kasoulidis, Marios Garoyian, Christos Stylianides

- Danemark: Helle Thorning-Schmidt, Morten Bodskov, Anders Fogh Rasmussen

- Hongrie: Eniko Gyori, Jozsef Szajer

- Italie: Federica Mogherini, Massimo D'Alema, Enrico Letta

- Pays-Bas: Frans Timmermans, Jeroen Dijsselbloem, Hans Wijers

- Pologne: Radoslaw Sikorski, Janusz Lewandowski, Jan-Vincent Rostowski

- Portugal: Vitor Gaspar, Paulo Portas, Miguel Poiares Maduro

- Roumanie: Dacian Ciolos, Titus Corlatean, Rovana Plumb

- Slovénie: Janez Potocnik, Anton Rop

- Espagne: Miguel Arias Canete, Luis de Guindos Jurado, Ana Pastor Julian

- Suède: Carl Bildt, Cecilia Malmstrom, Fredrik Reinfeldt, Marita Ulvskog

mercredi 30 juillet 2014

Une promesse qui coûte cher à l'Europe

Si l'on en croit Romaric Godin dans La Tribune de ce matin (autant vous le dire tout de suite, nous on le croit), la nomination de Pierre Moscovici avait beau être un secret de Polichinelle, elle n'en reste pas moins une erreur.

Erreur, parce qu'on n'envoie pas à Bruxelles un ancien ministre qui a accumulé les échecs au niveau national, à moins de vouloir se mettre à dos toute l'eurosphère.

Erreur, parce que c'est envoyer une fin de non-recevoir aux demandes plus que louables de Jean-Claude Juncker. "Vous voulez des femmes à la Commission? Ok...On va quand même vous envoyer Mosco." Rien de tel pour ternir l'autorité, déjà bien mise à mal, du nouveau Président de la Commission.

Erreur, parce que ce choix d'envoyer un homme malgré les nombreuses démarches initiées depuis un mois (#TenOrMore, courrier des femmes commissaires à Juncker, etc.) pourrait être vu comme une nouvelle manifestation de l'arrogance française qu'on nous "envie" de par le monde. Après tout, s'il faut des femmes dans le Collège, Jean-Claude Juncker n'a qu'à les demander aux "petits" Etats qui n'ont pas encore arrêté leur choix (Chypre, Bulgarie, Portugal, Hongrie, Slovénie,...). On s'insurge!

Erreur enfin, parce que même s'il obtient le poste de commissaire Investissement-Croissance-BEI-et-300-milliards, Pierre Moscovici ne sera pas davantage à son aise. Et pour cause: ce n'est pas du tout son rayon. La récente mission qu'il s'est vu confier n'y changera rien. Faire de la croissance, ça ne s'improvise pas...

On ne saurait donc que trop vous recommander la lecture de cet article de Romaric Godin. Ca vaut le coup d'oeil, "promis"!


PE: le calme avant la tempête

Après une fin de mandature mouvementée pour les uns, beaucoup moins pour les autres, les eurodéputés sont partis en vacances. Ils reprendront (ou commenceront) leurs travaux dès le 1er septembre avec des réunions en commissions à Bruxelles.

Auditions des candidats commissaires, TTIP, données personnelles, réforme du droit d'auteur, paquet climat-énergie, Ukraine,...Voilà, entre autres, ce qui attend nos représentants à la rentrée. Reposez-vous bien chers MEPs, on vous attend au tournant!


Moscovici: l'économie sinon rien?

La lettre de candidature de Pierre Moscovici sera envoyée à Jean-Claude Juncker demain au plus tard. Soutenu par François Hollande, l'ancien ministre de l'Economie du gouvernement Ayrault ne vise qu'un seul poste: une vice-présidence de la Commission et pas n'importe laquelle, cartésianisme à la française oblige, celle des Affaires économiques et monétaires.

Ça fait jaser outre-Rhin, Wolfgang Schauble en tête, mais sur RTL aussi.

Quand Fabius bloquait Guigou

Plus que jamais, le MAE garde la mainmise sur la diplomatie, même européenne. L'Express et Le Figaro révèlent en effet que Laurent Fabius ne souhaitait pas voir Elisabeth Guigou, actuelle présidente de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, être nommée commissaire européenne par François Hollande et encore moins succéder à Catherine Ashton à la tête de la diplomatie européenne. Si tant est qu'il y ait une "diplomatie européenne", vaste débat...

Le bruit courrait place du Luxembourg depuis plusieurs semaines et le début feuilleton Moscovici/Borgen  que le Quai d'Orsay s'opposait à la candidature de la députée française face à Pierre Moscovici, protégé de François Hollande. La rumeur a pris corps hier.

En France donc, on ne semble pas prêt à faire toute leur place aux affaires européennes et, de la même manière qu'il a récupéré le commerce international et une partie de Bercy, le MAE n'est pas encore disposé à se faire voler la vedette par une diplomatie supranationale, bien qu'inexistante. Sur ce point, et c'est peut-être le seul, Albion fut plus clairvoyante que Marianne.


Composition du Collège: un homme de plus

Avec la nomination de Pierre Moscovici par François Hollande, le Collège compte, pour l'instant, 14 hommes pour une femme. Economie et Finances, Industrie, Croissance, Investissement et BEI,... Les projections sont nombreuses sur le portfolio du successeur de Michel Barnier. Quoi qu'il en soit, Juncker a du pain sur la planche.
Récapitulatif avec @EuropeDecides: